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Le Japon à l’assaut de l’Afrique : que retenir de la 7e édition de la TICAD ?

Le Japon à l’assaut de l’Afrique : que retenir de la 7e édition de la TICAD ?

Du 28 au 30 août dernier s’est tenue la 7e TICAD (Tokyo International Conference on African Development). Plusieurs chefs d’États et de gouvernements africains se sont rendus à Yokohama, au Japon, où le sommet était organisé. A travers cet événement, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a rappelé l’importance du marché africain pour l’économie nippone.

La TICAD, une initiative ancienne

Inaugurée en 1993, la TICAD vise à promouvoir « un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement ». Le Japon est à l’origine de cette initiative. D’autres organismes internationaux participent également à l’organisation de ces sommets : les Nations Unies, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), la Banque mondiale ainsi que la Commission de l’Union africaine (CUA). A travers la TICAD, le Japon se positionne comme un acteur central dans la promotion d’un dialogue international concernant le développement du continent africain. Se voulant « innovantes », les approches de la TICAD regroupent « les concepts d’appropriation africaine et de partenariat international, la promotion de la participation des organisations internationales, des pays donateurs, du secteur privé et des organisations de la société civile, et enfin la mise en place de mécanismes de suivi pour mesurer l’avancement des programmes et des projets ». Organisée tous les cinq ans au Japon depuis sa création, la TICAD a désormais lieu tous les trois ans et à tour de rôle entre le Japon et l’Afrique. La première TICAD en Afrique a eu lieu en 2013 à Nairobi, au Kenya.

Pourquoi le Japon veut s’imposer en Afrique ?

« Faire progresser le développement de l’Afrique à travers les hommes, la technologie et l’innovation », tel était le slogan la TICAD 2019. Le discours d’ouverture, prononcé par le Premier ministre Shinzo Abe, a mis l’accent sur « l’urgence d’investir en Afrique ». Avec une croissance moyenne qui s’est élevée à 4,3 % par an entre 2000 et 2017, Tokyo ne pouvait rester à l’égard du gigantesque marché que représente désormais le continent africain. Ainsi, le Japon a annoncé vouloir investir 400 milliards de yens, soit 3,4 milliards d’euros, notamment dans les domaines de l’énergie et des infrastructures (construction d’éoliennes en Egypte et de centrales géothermiques à Djibouti et au Kenya). Cette annonce affirme la volonté d’implantation nippone sur le continent : en 2018, ce sont 8,1 milliards de dollars de produits japonais qui ont été exportés vers l’Afrique contre 7,8 milliards en 2017 et 8,9 milliards d’importations, principalement des matières premières. La stratégie d’implantation japonaise a d’abord ciblé les services publics : amélioration des infrastructures, accès à l’électricité, développement d’une couverture santé universelle, aménagements des transports urbains, etc. Cependant, après s’être attardé sur le secteur public, le Japon souhaite désormais conquérir le secteur privé. En effet, Tokyo veut développer une réelle coopération entre son gouvernement et les taÉts africains. Pour ce faire, il compte sur l’aides d’industriels et d’investisseurs étrangers.

Des intérêts au-delà de ceux économiques

Le développement du capital humain en Afrique, les problématiques liées à l’accès aux formations et la croissance des petites et moyennes entreprises ont été des thèmes abordés durant l’édition 2019 de la TICAD. « Le Japon peut nous aider à former nos jeunes, nous apporter des techniques, on peut travailler ensemble au moment où la TICAD est de plus en plus tournée vers le secteur privé ». Ces dires du ministre de l’Economie du Sénégal, Amadou Hott, confirme que les Etats africains souhaitent améliorer les relations japonaises et africaines dans le domaine du développement. Aujourd’hui, 796 entreprises japonaises sont présentes sur le continent, contre seulement 250 en 2010. La présence de grands groupes tels que Yamaha ou Ajinomoto démontrent l’investissement du Japon en Afrique. L’intérêt nippon est bien évidemment d’abord économique, cependant les intérêts géopolitiques pèsent également dans la balance. En effet, cela fait des années que le Japon a émis le souhait d’obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies et en s’implantant en Afrique et en participant au développement du continent, Tokyo espère obtenir le soutien de ses « alliés économiques [africains] » puisqu’un siège au Conseil de sécurité constituerait « le Graal en termes de diplomatie ».

Une volonté de concurrencer les chinois

Une autre raison de la présence du Japon en Afrique ces dernières décennies s’explique par la volonté de concurrencer le géant chinois, qui ne cesse d’investir en Afrique. Cela représente un enjeu de taille pour Tokyo car Pékin investit près de 60 milliards de dollars par an sur le continent, alors que le Japon n’a investi seulement que 47 milliards depuis la première TICAD en 1993… Sur le plan financier il semble donc impensable que Tokyo puisse un jour surpasser Pékin en Afrique, c’est pourquoi il a axé sa stratégie sur la « qualité supérieure » des services japonais. De plus, le Japon joue sur le sentiment de « méfiance » des Etats africains à l’égard de la Chine et rappelle que «  les projets développés avec des prêts chinois aux taux très avantageux sur le papier, peuvent aboutir à un endettement très lourd pour certains pays ».

Que retenir de ce sommet ?

« Compte tenu des concepts de développement durable et de sécurité humaine, la mise en œuvre de la TICAD devrait être guidée par les dynamiques et les priorités de développement de l’Afrique ». Les travaux de la TICAD se sont ainsi achevés le 30 août. Après trois jours de débats animés entre l’ensemble des participants et malgré leurs divergences concernant la « nouvelle vision de l’avenir de l’Afrique », ces échanges ont abouti à l’adoption de la « Déclaration de Yokohama 2019 » ainsi qu’au « Plan d’action Yokohama 2019 », qui élaborent la « feuille de route » à suivre dans le futur. De plus, les participants ont tous affirmé que la TICAD devait s’aligner sur la « vision africaine telle qu’elle est exprimée dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), ainsi que l’engagement pris au niveau mondial pour l’Agenda 2030 pour le Développement durable (ODD) ». Le Japon ne souhaite pas en réalité devenir le « nouveau chinois » en Afrique, mais il souhaite développer des partenariats de qualité, fiables et qui perdureront sur le long terme afin de permettre un réel développement des relations économiques entre Tokyo et les États africains.

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