Suite aux annonces gouvernementales et au retour à une vie presque normale, les entreprises rouvrent leurs bureaux et les collaborateurs y sont de plus en plus attendus. Les dirigeants veulent relancer leur activité au plus vite, les managers ont la pression, les équipes aussi. Mais comment gérer l’urgence de faire repartir l’économie sans négliger les impacts psychologiques que le confinement a pu avoir sur les collaborateurs ? Quelle est l’ampleur de cette crise ? Comment accompagner la reprise de l’activité ?
Une enquête chinoise sur près de 53 000 personnes à l’appui
En mars 2020, la Chine a lancé une enquête dans 30 provinces touchées par le Covid-19 afin d’évaluer le degré de détresse psychologique de ses habitants. Elle a obtenu près de 53 000 réponses à ce questionnaire, explorant la fréquence de l’anxiété, de la dépression, des comportements d’évitement et des symptômes physiques au cours de la dernière semaine de confinement.
Cette enquête montre que pour 35 % des répondants, le résultat obtenu révèle un stress psychologique modéré, et un stress sévère pour 5,14 %. L’analyse indique aussi que les femmes présentent un plus haut degré de détresse psychologique que les hommes. On apprend également que cette détresse touche davantage les individus âgés de 18 à 30 ans ou ceux de plus de 60 ans.
L’impact de la durée du confinement n’est pas négligeable
Les éditeurs de la revue « The Lancet » se sont quant à eux penchés sur l’impact psychologique du confinement et les mesures à mettre en œuvre pour en réduire les effets négatifs.
L’analyse des résultats de plusieurs études scientifiques indique que la durée de confinement est un facteur de stress : une durée supérieure à 10 jours est prédictive de symptômes post-traumatiques, de comportements d’évitement et de colère.
Mais l’étude a identifié d’autres facteurs :
- les symptômes physiques qui amplifient la peur de l’infection et l’inquiétude même plusieurs mois après l’épisode ;
- la peur, pour les femmes enceintes et pour les mères de jeunes enfants d’être infectées et de transmettre le virus à leurs enfants ;
- l’ennui, la frustration et le sentiment d’isolement ;
- les lacunes dans la distribution des biens de première nécessité ;
- l’inadéquation de l’information transmise par les autorités de santé publique ;
- l’absence de clarté sur les niveaux de risque ;
- l’absence de transparence sur la sévérité de la pandémie ;
- l’absence de protocoles et de guides de conduite clairs.
Aujourd’hui, même si le confinement est terminé, le stress n’a pas disparu. En effet, ces études mettent également en exergue un certain nombre de facteurs de stress persistants comme par exemple la perte des relations commerciales, la détresse socio-économique globale, les difficultés à reprendre le travail, la tension dans les couples, ou les conséquences économiques de la perte de revenus qui génèrent colère et anxiété pendant les mois qui suivent le confinement.
Après deux mois de confinement comment préparer le retour au travail de son équipe sans négliger ces facteurs de stress omniprésents ?
Adrien Chignard, psychologue du travail, prévient dans une interview donnée à Psychologies, le 14 juin : « Attention de ne pas tomber dans la recherche de performance à tout prix ». Pour lui, manager avec les même méthodes qu’avant serait une aberration car nous avons subi un arrêt net d’une partie de notre activité de travail et de notre vie sociale. Cela a détruit beaucoup de valeur économique, et pour beaucoup, la tentation de rechercher la performance à tout prix sera grande. C’est alors que nous risquons de « casser la machine à performer, l’être humain, car justement l’être humain n’est pas une machine ». Et à l’inverse, ne chercher que la sérénité créerait un problème de performance. Donc pour obtenir les 2, il faut faire des efforts importants pour donner du sens collectivement à une expérience.
Pas facile de soutenir et de motiver ses équipes quand l’incertitude règne. Dans un prochain article, nous découvrirons quelles réactions risquent d’avoir les managers lors de leur retour au bureau.
Sources :