Grâce aux puissantes industries telles que le célèbre « Nollywood », le cinéma nigérian et, dernièrement, le développement de séries de genre « telenovela » en Côte d’Ivoire ou au Sénégal, le « Made in Africa » bat des records d’audience, à tel point que de nouvelles industries locales commencent à développer leurs propres contenus.
De « Nollywood » …
Depuis 2009, Nollywood est la deuxième puissance cinématographique du monde en nombre de films produits par an, juste après Bollywood. Chaque année ce ne sont pas moins de 2 500 films qui sont produits et diffusés par cette industrie, regroupant un public régulier estimé à 150 millions de spectateurs. Face au succès de ses productions, Nollywood a commencé à s’exporter au-delà des frontières nigérianes, attirant un large public africain, à la fois anglophone et francophone. C’est ensuite grâce à l’intérêt de grandes entreprises internationales telles que le groupe français Canal + et le groupe chinois StarTimes, ou encore récemment le leader américain Netflix, que l’industrie nigériane a pu jouir d’une visibilité mondiale. Véritable aubaine pour les diffuseurs, ces contenus audiovisuels offrent également une perspective de développement pour l’industrie du cinéma africain dans sa globalité, comme le montre l’essor de nouveaux programmes originaux, développés par des productions locales.
… aux “Afronovelas”
Nollywood, de par son importance, a par conséquent largement influencé le cinéma africain. À l’origine de l’arrivée des telenovelas en Afrique francophone se trouve Bernard Azria, le fondateur de « Côte Ouest », qui, dans les années 1990, a démarché « Globo », la principale chaîne brésilienne de telenovelas et a exporté un des programmes en Côte d’Ivoire. Le succès est alors immédiat et de plus en plus de telenovelas sont importées, remplaçant petit à petit les séries américaines. Cependant, les populations souhaitaient découvrir des programmes plus représentatifs de leur quotidien. De ce fait, B. Azria s’est rendu à Nollywood et a exporté des séries du catalogue nigérian en Afrique francophone, grâce à un doublage en français. La réussite a été telle que, depuis quelques années, les industries locales ivoiriennes et sénégalaises développent désormais elles-mêmes leurs « afronovelas ». Par exemple en Côte d’Ivoire, le leader des telenovelas, « Novelas TV », est aujourd’hui la chaîne la plus regardée dans le pays, surpassant ainsi les chaînes de football et la Radio-télévision ivoirienne (RTI).
Une audience au-delà des frontières
L’engouement est si important, qu’en octobre dernier, au sein de la Gare du Nord à Paris, plus grande gare d’Europe, une campagne publicitaire réunissant Marème Dial, Djalika et Jams, les principaux acteurs de « Maîtresse d’un homme marié » et « Golden » - principales « Afronovelas » à succès - a tapissé les couloirs de la gare parisienne. De telles campagnes hors des frontières africaines démontrent l’importance et l’impact des diasporas. Canal+ International, qui a acquis les droits de diffusions des deux séries, a bien saisi l’influence de ces dernières et du marché potentiel qu’elles représentent. Comme le souligne Manon Mochée, chargée du marketing chez Thema, filiale de Canal+ International, interviewée par le journal Le Monde, « nous ciblons les troisièmes générations, qui n’ont pas forcément de liens rapprochés avec leur pays d’origine. Ces séries leur parlent ».
À suivre donc !
Sitographie
« Les séries sénégalaises à l’assaut de la planète pour faire de Dakar un petit Hollywood », par Coumba Kane et Théa Ollivier, Le Monde, Le Monde Afrique, publié le 25/10/2020 à 14h00, disponible ici : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/25/les-series-senegalaises-a-l-assaut-de-la-planete-pour-faire-de-dakar-un-petit-hollywood_6057309_3212.html
« A Abidjan, « on vit telenovelas ! » », par Youenn Gourlay, Le Monde, Le Monde Afrique, publié le 15/08/2019 à 09h57, disponible ici : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/15/a-abidjan-on-vit-telenovelas_5499612_3212.html