Difficile de décrire l’art de cet artiste cosmopolite considéré comme le « bâtisseur entre l’Occident et les Afriques ». Rendu célèbre grâce à son tube planétaire « Soul Makossa », le « Grand Manu » était un saxophoniste hors-pairs. Il composa, tout au long de sa carrière, une musique aux notes puissantes, mélangeant le jazz au twist en y ajoutant un air de reggae. Son répertoire puisait aussi dans la patrimoine musical de l’afrobeat mixé à de l’afro-jazz.
Devenant ainsi une icône de la World Jazz, Manu Dibango ne cessa de s’enivrer de son métissage culturel. Son décès soudain et lié à la pandémie du Covid-19 nous laisse sans voix…heureusement sa musique demeure pour nous envouter, nous faire danser et espérer encore et toujours.
Intrinsèquement lié à l’Afrique, souvent assimilé au blues instrumental, le jazz se meut d’une voluptueuse liberté, s’unissant à différentes tendances musicales, donnant naissance à l’afrobeat (alliance du high life au jazz), ou à l’afro-jazz (nourri de notes musicales africaines).
Sublimer l’Afrique et son héritage culturel, porter les voix des plus opprimés, c’est ce qui rythmait les compositions du jazz-man sud-africain Hugh Masekela, considéré comme un trompettiste de légende. Il en va de même pour la musique de Fela Ransome Kuti, baobab de l’afrobeat. En tant que maître absolu des nuits nigérianes des années 1970, le Bob Marley continental composa des airs qui envoutèrent l’ensemble l’Afrique et le reste du monde.
Entre Fela et Manu Dibango, il y a Prince Nico Mbarga, auteur camerouno-nigérian de : « Sweet Mother ». Ce fut en 1976, la chanson la plus vendue de l’histoire du continent, envoûtant de Dakar à Nairobi, plus de 16 millions de fans.
Cette effervescence perdure jusqu’à nos jours. Le jazz vit sur les planches des festivals internationaux. Au Cap, à Saint-Louis, en République Démocratique du Congo, au Maroc et même à Madagascar, il ne cesse de se réinventer.
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