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Les ports, enjeu stratégique pour l’Afrique

Les ports, enjeu stratégique pour l’Afrique

En Afrique, le secteur portuaire ne cesse d’attirer les investisseurs privés, avec 15 milliards USD investis entre 2005 et 2019. Malgré cela, les besoins sur le continent restent importants.  Investir « intelligemment » se révèle alors être la solution la plus efficace sur le long terme, afin de permettre des investissements plus importants et le développement de hub régionaux ou continentaux pérennes.

La course aux hubs continentaux

Les infrastructures sont la clé du développement africain. Les ports, en représentant 80% des échanges sur le continent, occupent une place centrale dans l’économie africaine et dans le transit de marchandises. Cependant, dans la « course folle » aux titres de hubs continentaux, les États développent des projets de plus en plus spectaculaires et risquent de se retrouver avec des infrastructures surdimensionnées, ne correspondant aux besoins prioritaires pour la réussite de ces projets (routes, capacité de stockage, positionnement stratégique, etc). En effet, selon un rapport de l’Africa CEO Forum et d’Okan, un cabinet de conseil dédié à l’Afrique, intitulé « Les ports en Afrique, accélérer la mutation » et publié en octobre 2020, « la guerre des hubs » et la « course aux investissements » font aujourd’hui rage sur le continent. Selon l’étude, seuls « quatre à cinq ports » pourront prétendre à ce statut : deux en Afrique du Nord, un en Afrique de l’Ouest, deux en Afrique de l’Est et Australe, en plus des ports de Tanger Med au nord-ouest, de Port Saïd au nord-est, ou de Durban dans le sud, qui sont déjà des hubs continentaux.

Pour prétendre au titre d’hub continental, plusieurs critères doivent être réunis : une « localisation stratégique », c’est-à-dire un positionnement proche des routes régionales et mondiales ; un « contexte d’offre portuaire », soit une non ou faible présence d’autres infrastructures similaires dans la région ; une « demande en trafic conséquente » et enfin, une « bonne connectivité avec l’hinterland » afin d’assurer une fluidité de circulation aux alentours du ports (infrastructures routières et ferroviaires). Les États ont également la possibilité de prétendre à des hubs régionaux, comme cela est le cas pour le port de Djibouti, ou nationaux, comme celui de Libreville. Dans cette rivalité, de nombreux pays africains se heurtent à des difficultés, voire des échecs, le port de Djen-Djen en Algérie en est un exemple : revêtant l’ambition de devenir un hub, le port n’a pas analysé correctement son environnement proche (présence des ports voisins de Tanger Med et de Port Saïd, manque d’infrastructures et mauvaise connectivité avec l’arrière-pays). Les conditions n’étaient, par conséquent, pas réunies pour en faire un projet attractif et prospère.

L’exemple du port de Berbera, un concurrent sérieux de Djibouti ? 

Le port de Djibouti dispose d’« atouts majeurs » pour prétendre au statut d’hub régional. Avec un emplacement idéal face à l’Asie et une présence d’un site en eaux profondes, le port bénéficie d’une position géographique stratégique. Desservant quasi-exclusivement l’Éthiopie, le port s’assure une demande importante et la construction d’une zone industrielle collée au port amplifie ses capacités de stockage et de transit. Enfin, le port jouit d’une solide connectivité avec les régions, grâce à un réseau routier et ferroviaire moderne. Cependant, un récent port, celui de Berbera, situé au Somaliland, ambitionne de devenir un nouveau hub régional, devenant ainsi un concurrent direct du port de Djibouti.

Berbera, ville maritime du golfe d’Aden, a vu son environnement transformé en 2018, à la suite de la finalisation de l’accord autorisant l’émirati DP World, troisième plus grand opérateur portuaire au monde, à exploiter son port sur trente ans. Son emplacement stratégique, sur la rive africaine de la mer Rouge et situé à l’entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, quatrième passage maritime mondial concernant l’approvisionnement énergétique, lui confère un fort intérêt de la part des investisseurs étrangers, notamment pour les pays du Golfe qui investissent dans la région. 442 millions USD ont ainsi été alloués à la modernisation du port, qui, selon Said Hassan Abdullahi, directeur général de l’Autorité des ports somalilandais, devrait se rapprocher à terme du volume de conteneurs passant par les ports de Djibouti. 

L’Éthiopie, qui participe également à l’exploitation du ports (19% des parts, 30% pour le Somaliland et 51% pour DP World), souhaite à travers Berbera, diversifier ses importations et ses exportations, 95% d’entre elles passant par le port de Djibouti. L’extension du port de Berbera, prévue pour mars 2021, devrait donc attirer une partie du trafic commercial à destination de l’Éthiopie : le gouvernement du Somaliland espère que Berbera verra passer « jusqu’à 50 % du trafic commercial de l’Éthiopie ». Le Sud-Soudan, pays également enclavé, pourrait aussi se tourner vers Berbera, plus proche que le port de Djibouti et contourner ainsi les problèmes de congestion auxquels Djibouti fait face : selon la Banque mondiale, « 97% des volumes traités par le port de Djibouti partent ou arrivent au port par camion […] ce qui contribue aux problèmes de congestion de la ville ». Mais pour être considéré comme un concurrent fiable, Berbera devra fortement développer et moderniser ses infrastructures de liaison, en multipliant les projets routiers comme celui visant à relier la ville frontalière éthiopienne de Togochale à Berbera, développé en 2019 pour la somme de 400 millions USD.

Pour consulter l’étude « Les ports en Afrique, accélérer la mutation », réalisée par l’Africa CEO Forum et Okan, cliquez ici : https://okanpartners.com/wp-content/uploads/2020/10/Rapport-Okan-ACF_Ports-en-Afrique.pdf

Sitographie : 

« Infrastructures : le port de Berbera peut-il défier Djibouti ? », par Loza Seleshie, publié le 05/01/2021, disponible ici : https://www.jeuneafrique.com/1099157/economie/le-port-de-berbera-peut-il-defier-djibouti/

« Le port de Berbera fait du Somaliland un acteur incontournable en mer Rouge », par l’AFP, Le Point, publié le 27/07/2018 à 12h22, disponible ici, https://www.lepoint.fr/economie/le-port-de-berbera-fait-du-somaliland-un-acteur-incontournable-en-mer-rouge-27-07-2018-2239590_28.php

« Les ports en Afrique, accélérer la mutation », étude Africa CEO Forum - Okan, publiée en octobre 2020, disponible ici : https://okanpartners.com/wp-content/uploads/2020/10/Rapport-Okan-ACF_Ports-en-Afrique.pdf
 

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