Les Hauts-de-France sont touchés de la même manière que l’ensemble des territoires de France et du voisin Belge. Face à cette pandémie mondiale, quels sont les impacts sur les entreprises de la région (et notamment de la métropole lilloise), quelles sont les forces de la région face à cette situation ?
Depuis juillet, l’Insee et la Banque de France constatent de concert une reprise de l’activité sur la région, jusqu’à 95 % du niveau pré-Covid-19, avec un retour au nominal 2019 annoncé début 2022. Bref, ce n’est pas pour tout de suite.
Contrairement à la crise de 2008-2009, la situation est extrêmement hétérogène en fonction des secteurs d’activité. Comme au niveau national, les industries de l’Agro-alimentaire, de la Santé et de la Chimie ont un niveau d’activité globalement équivalent voire supérieur à l’activité pré-Covid. Ils ont su rapidement s’organiser et les débouchés sont restés forts. Les activités de services à la personne sont revenus à un niveau acceptable, de même pour une partie des activités de commerce (équipement de la maison, bricolage, ou encore vente de vélo ! …). Au contraire, l’aéronautique qui, contrairement aux idées reçues, occupe 12000 emplois directs et indirects dans la région, est fortement sinistré. Nous sommes moins impacté que Toulouse mais tout de même. L’événementiel et le culturel sont aussi très touchés par les mesures anti-Covid. Les changements de comportement des professionnels, dans les Hauts-de-France comme ailleurs, sont en train de rebattre les cartes pour l’immobilier d’entreprise, les activités liées aux déplacements professionnels et l’industrie des réunions qui se font et se feront majoritairement en visio. Sans parler du développement fort probable du flex-office, corrélé avec l’abandon progressif du modèle de l’open space classique (connu pour son inefficacité contre la propagation des virus). Mais il pourrait aussi y avoir des opportunités liées à la volonté d’entreprises et de salariés de rejoindre la métropole lilloise : les infrastructures sont de qualité, le milieu universitaire et les écoles sont reconnus pour leur excellence, le marché de l’emploi est de bon niveau, vous trouverez plus facilement qu’en Île-de-France, la maison (de ville ou non) avec le jardin qui vous a tant manqué durant le confinement … (Amis parisiens, « je vous ai compris ! »)
La banque de France prévoit pour la région une baisse de 8,7 % du PIB à fin 2020, ce qui nous situe dans la moyenne nationale. Mais c’est sans compter la possibilité d’une 2ème vague ou du moins d’une succession de « répliques » - c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer –qui poussent les autorités à renforcer les mesures restrictives qui impactent la consommation des ménages. Là aussi, la région n’est pas épargnée et nous vivons la même situation que le reste du territoire et que nos voisins belges. Cette consommation des ménages pourrait ne pas revenir de sitôt au niveau pré-Covid, et il faut envisager qu’une forme de stagnation voire de décroissance pourrait s’installer durablement sur le vieux continent. Côté mauvaise nouvelle, dans sa dernière note de conjoncture, l’INSEE table sur une croissance nulle au troisième trimestre 2020, et une hausse du chômage … Et c’est là qu’intervient mon scénario préféré, un brin chauvin, où l’Institut Pasteur de Lille, épaulé par la start-up lilloise Apteeus, devient héros régional - que dis-je - mondial avec la découverte du traitement efficace : https://www.hautsdefrance.fr/covid-une-longueur-davance-pour-les-hauts-de-france-dans-la-course-au-traitement/
Nous le vivons tous, l’incertitude est très forte. Il faut féliciter tous ces dirigeants qui, littéralement, se battent pour sauver leurs entreprises et les emplois. Ils font preuve d’une belle résilience, d’une capacité à affronter le traumatisme d’une crise soudaine et brutale. PME ou ETI, ces décideurs et leurs équipes sont dans l’obligation de s’adapter, de faire preuve d’agilité et de caractère … (Qui parle de soft skills ?!). Ils vont devoir - ils le font déjà - faire évoluer l’organisation du travail et accélérer la mise en œuvre de nouvelles pratiques et outils : digitalisation, ventes et développement commercial en remote, flex-office et télétravail. Le modèle français, très axé sur le présentiel, est chamboulé. Peut-être pour le mieux … Cela dépendra certainement de la façon dont les changements seront mis en place, de l’accompagnement (au changement) qu’auront reçu les dirigeants et collaborateurs.
Mon humble conseil : ne restez pas seul et n’hésitez pas à vous faire conseiller/accompagner. Vous gagnerez du temps et minimiserez le risque de mettre en place une organisation ou des changements qui ne seraient pas adaptés à votre activité.
La région conserve un avantage historique, celui d’être au cœur de l’Europe. La Métropole Européenne de Lille a, depuis plus de 20 ans, aidé au développement de pôles d’excellence. Les filières de Santé / Nutrition (avec notamment Eurasanté, …), des biotechnologies, de Chimie, du numérique (avec Euratechnologies), mais aussi l’agro-alimentaire, sont autant d’atout pour la région. Nous avons une grande diversité de secteurs d’activité, nous sommes de fait impactés comme l’ensemble du territoire.
Nous avons évidemment des secteurs en souffrance qui affrontent la tempête et la fin de l’année va apporter son lot de redressements et de faillites. Mais la région est une terre d’entrepreneur, et je ne doute pas de sa capacité à saisir les opportunités, et à se relever (encore une fois) de cette crise majeure. Nous avons tous été surpris par la brutalité de la crise mais maintenant nous savons. Et comme on ne va pas se (re-)mettre à braire, mon dernier mot sera un encouragement cher à tous les ch’ti et picard de naissance ou de cœur : ami, Saque eûd'din !