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« Eco »… la nouvelle monnaie unique : grand pas en avant pour la CEDEAO… ou bien chronique d’un échec annoncé…

« Eco »… la nouvelle monnaie unique : grand pas en avant pour la CEDEAO… ou bien chronique d’un échec annoncé…

Le 29 juin dernier, le 21ème sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenu à Abuja, au Nigeria. A cette occasion, les États membres ont fait le point sur l’« Eco », la monnaie unique que les quinze pays de cette région d’Afrique comptent lancer dès 2020.

Un symbole politique fort

Au sein de la CEDEAO, huit États utilisent le franc CFA. La mise en place d’une nouvelle monnaie entraînerait alors la fin du franc CFA, symbole du colonialisme français. Toujours placé sous tutelle du ministère des finances français, ces huit pays auront l’obligation « de déposer la moitié de leurs réserves de change auprès du Trésor français » et des « responsables français [devront être présents] dans les instances de leurs banques centrales ». Nombreux intellectuels et militants panafricanistes militent en faveur de l’abandon du franc CFA et prônent la mise en place d’une monnaie africaine, qui serait gérée par les États africains et non par un Etat étranger. Les sept autres pays de l’Afrique de l’Ouest disposent de leur propre monnaie, qui au contraire du franc CFA qui est rattaché à l’euro, n’est pas « librement convertible ». L’Eco a pour objectif de simplifier le commerce et de réduire les coûts de transaction. Ainsi, les paiements entre les 385 millions d’habitants de la CEDEAO devraient être facilités grâce à l’Eco.

Des faiblesses économiques dues à une disparité des États

Cependant, d’un point de vue économique, l’abandon du franc CFA se révèlerait ne pas être la meilleure voie à suivre. En effet, la faiblesse du commerce intra-régional est une réalité à prendre en considération dans les analyses politico-économiques de l’instauration d’une nouvelle monnaie unique. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), ne présentent pas les « caractéristiques de « zones monétaires optimales » ». En d’autres termes, cela signifie que « leur existence ne se justifie pas économiquement : les inconvénients à partager la même monnaie pour les pays membres pris individuellement sont supérieurs aux avantages à la maintenir ». Dans le dernier rapport réalisé par le comité ministériel de la CEDEAO, il est rapporté qu’« aucun pays de la région n’avait rempli en 2018 les critères requis » pour intégrer la zone monétaire Eco. Depuis presque soixante ans, ces États partagent d’ores et déjà la même monnaie et aujourd’hui, ils ne parviennent tout de même pas à satisfaire les « préalables en vue d’une intégration monétaire ». De plus, depuis 2017, le Nigeria exige que l’UEMOA lui présente un « plan de divorce » d’avec le Trésor français, ce que l’UEMOA n’a toujours pas fait. Les bénéfices d’un changement de monnaie risquent d’être limités en raison de la faiblesse du commerce intra-CEDEAO, qui n’était évalué qu’à 9,4% en 2017. Ainsi, les spécialistes semblent être « prudent » quant aux bénéfices positifs d’une nouvelle intégration monétaire. En exemple, ces derniers s’appuient sur les résultats du commerce intra-régional de la CEMAC, qui s’élève à 5% seulement, malgré plus de « soixante-dix ans d’intégration monétaire ».

Le Nigeria, « patron » de l’Eco ?

Le Nigeria étant une puissance forte en Afrique, il semble probable qu’Abuja s’approprie ce projet. La « politique monétaire et de change » s’alignerait ainsi sur la « conjecture du Nigeria ». Il est important de rappeler pour appuyer ce fait que, le Nigeria représente à lui seul « les deux tiers du PIB de la région et la moitié de sa population ». Ainsi, Abuja accepterait avec difficultés de ne pas être aux manœuvres principales de l’Eco, car comparé aux autres États membres, il est un exportateur de pétrole important, alors que les autres ne sont que des importateurs. De ce fait, en raison de cela, « les cycles économiques des uns et des autres seront rarement synchrones » ce qui sera alors incompatible avec une même politique monétaire. En effet, les États qui partagent la même monnaie ont tout intérêt à adopter une politique monétaire identique et pour cela, il faut qu’ils s’alignent sur des cycles économiques synchrones. De plus, un point faible de l’Eco est qu’« aucun mécanisme de solidarité budgétaire » n’est prévu pour « aider » les économies nationales qui seront exposées à des « chocs asymétriques négatifs » et qui ne seront pas en mesure d’avoir recours à « la politique monétaire et de change pour s’ajuster ». Ainsi, des situations de crises économiques internes seraient à prévoir en cas de mise en place de l’Eco.

Une mise en place effective de l’Eco dès 2020 semble « extrêmement improbable ». L’introduction d’une monnaie unique sur la région était déjà prévue en 2003, puis reportée plusieurs fois, en 2005, en 2010 et en 2014. Certains économistes affirment qu’il serait possible que certains États « remplissent les critères actuels pour l’échéance de 2020 » si leurs déficits budgétaires n’excèdent pas 3%, s’ils ont un taux d’inflation annuel moyen inférieur à 10%, si le financement des déficits budgétaires par la Banque centrale ne dépassent pas 10% des recettes fiscales de l’année précédente et enfin, si les réserves extérieures brutes disponibles représentent au moins trois mois d’importations.

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